Stress

Ensemble des réactions d'un organisme soumis à des pressions ou contraintes de l'environnement

Le stress [stʁɛs] (de l'anglais stress [stɹɛs][1] Écouter) est, en biologie, l'ensemble des réactions d'un organisme soumis à des pressions ou contraintes de l'environnement, les stresseurs (en). Ces réactions dépendent toujours de la perception qu'a l'individu des pressions qu'il ressent. Selon la définition médicale, il s'agit d'une séquence complexe de situations provoquant des réactions physiologiques, psychosomatiques. Par extension tous ces incidents sont également qualifiés de stress. Le stress est différent de l'anxiété, celle-ci est une émotion alors que le stress est un mécanisme de réponse pouvant amener différentes émotions, dont l'anxiété.

Étymologiemodifier

Le mot stress en français est un emprunt du même mot anglais qui est lui-même issu de l'ancien français « destresse » qui signifie détresse.

Historiquemodifier

La notion de stress a été introduite par l'endocrinologue Hans Selye, qui, en se basant sur le concept de stress mécanique, publie en 1956 The stress of life (Le Stress de la vie). Observant ses patients, il y décrit le mécanisme du syndrome d'adaptation, c'est-à-dire l’ensemble des modifications qui permettent à un organisme de supporter les conséquences d’un traumatisme naturel ou opératoire. Il publie par la suite Stress without distress en 1974, (Le Stress sans détresse) et son autobiographie The stress of my life (1977).

L'idée du concept de stress et de syndrome général d'adaptation lui est venue en 1925 alors qu'il étudiait la médecine à l'Université de Prague[2]. Par la suite il a développé le concept de Eustress. Ce terme qu'il a inventé se compose de deux parties. Le préfixe « eu » vient du mot grec qui signifie « bien » ou « bon ». Accolé au mot stress, il signifie littéralement « bon stress ». Par la suite, diverses notions ont été rajoutées pour définir, d'une part la notion de a-stress, d'autre part de dystress[3]. A-stress est un état privatif de stress (pouvant être obtenu notamment par le biais de la méditation) dont les effets bénéfiques pour la santé sont expérimentés en médecine[4]. Des travaux utilisant cette méthode ont été publiés en 2010 en Suède chez des patients cancéreux[5].

Les travaux de recherche portent sur l'être humain (avec la psychologie, psychiatrie…) ou relèvent de l'éthologie en s'appuyant sur l'étude du comportement de différentes espèces face au stress (dans la nature ou dans les élevages ou chez l'animal domestique), ou sur des expériences de laboratoire basées sur le modèle animal (rat de laboratoire ou souris le plus souvent ; exposés à des décharges électriques, un risque de noyade ou lors d'une expérience récente à de la litière de chat. Les individus sont plus ou moins vulnérables à un même stress, en partie pour des raisons génétiques. Selon une étude récente (publiée le ), 334 gènes sont impliqués chez les rats les plus sensibles au stress post-traumatique)[6].

Définitionsmodifier

  • Richard Lazarus (en) et Susan Folkman, 1984 : le stress est selon eux défini comme une « transaction entre la personne et l’environnement » dans laquelle la situation est évaluée par l’individu comme débordant ses ressources et pouvant mettre en danger son bien-être[7].
  • Crespy, 1984 : le stress est qualifié de générateur de pathologies. Mobilisation de l’organisme tout entier pour apporter une réponse à des agressions environnementales. Cette mobilisation, si elle est souvent imposée, va engendrer progressivement une usure et une dégradation des organes et fonctions concernées[8].

En fait, c’est la double-perception d’un état de divergence entre une demande d’adaptation à un moment donné et la capacité à y faire face. C’est une dépense d'énergie. Il peut être positif ou négatif. Selon Épictète : « Ce qui trouble les hommes, ce ne sont pas les choses, mais le jugement qu’ils portent sur ces choses ».

Chez l'humainmodifier

Le stress implique trois systèmes neuro-hormonaux selon le modèle de Selye : l'axe hypothalamo-sympathico-adrénergique, l'axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien (appelé aussi système CRH ou axe corticotrope) et le système nerveux central. Le syndrome général d'adaptation que provoque le stress se divise en trois phases. La première réalise la réaction d'alarme (choc et contre-choc) et implique l'axe hypothalamo-sympathico-adrénergique, axe rapide qui répond au stresseur (stimulus stressant tel que fuite, attaque, immobilisation, compensation…). La seconde est la phase de résistance, dans laquelle intervient le système CRH, axe lent, avec libération de glucocorticoïdes (principalement le cortisol chez l’homme). La troisième est la phase d'épuisement qui correspond à un état de stress chronique dans lequel les récepteurs du système nerveux central deviennent moins sensibles aux glucocorticoïdes qui submergent l'organisme. L'hippocampe saturé de cortisol ne peut plus assurer la régulation. Le cortisol envahit le cerveau et installe une dépression. Les zones altérées sont principalement l'hippocampe[9], l'amygdale, le cortex cingulaire antérieur et le cortex préfrontal[réf. nécessaire][10].

Une étude de laboratoire récente montre en outre un lien significatif entre le clignement des paupières humain (Nictation) et la charge psychique (mentale)[11],[12].

Le stress a des répercussions sur notre santé mentale, physique et psychique. En effet son action peut être bénéfique dans certains cas et nous pousser à réussir. Ou au contraire il peut être néfaste et nous déstabiliser complètement jusqu’à perdre le contrôle de nous-mêmes.

Les facteurs déclencheurs du stress sont nombreux : ils peuvent être physiques ou environnementaux (traumatismes, interventions chirurgicales, travail important), physiologiques (douleurs, manque de sommeil, déséquilibres des rythmes alimentaires), psychiques (émotions négatives). De plus un stress chronique peut être à l’origine de maladies graves ou addictives tel que le cancer, la drogue, ou l’alcool.

Chez les autres animauxmodifier

Comme les humains, les autres animaux doivent pouvoir répondre aux agressions et aux émotions générées par leur environnement. Des dérangements ou changements trop fréquents ou trop brutaux sont des sources de stress qui peuvent leur être préjudiciables.

Chez les animaux d'élevage ou les animaux de compagnie qui dépendent entièrement du bon vouloir de leurs maîtres, les causes en sont les suivantes[13] :

  • la nouveauté : intrus, modifications alimentaires brusques ;
  • la frustration : perte de territoire, destruction d'habitat, séparation d'avec le groupe ;
  • les conflits : luttes hiérarchiques, pour la reproduction, etc. ;
  • les traumatismes : capture, blessure, agression corporelle.

On peut constater ces réactions à travers les expériences du professeur Henri Laborit. Le stress génère de la peur et des incertitudes qui influent sur le comportement et la physiologie de l'animal. L'organisme sécrète des hormones pour mobiliser le cerveau et les muscles. L'oxygénation augmente[13].

  • Stress occasionnel : un animal apeuré va chercher à fuir, se mettre à pousser des cris ou à trembler. À un stade de peur extrême, un chat, par exemple, va saliver abondamment, ses pupilles vont se dilater et il peut uriner[13].
  • Stress de longue durée : l'animal devient d'abord anxieux. Ses fonctions digestives sont perturbées. Il développe des comportements pathologiques de substitution, souvent répétitifs, comme chercher frénétiquement à marquer son territoire, manger ou boire trop, faire un toilettage excessif, développer de l'hyperactivité, renouveler des parcours en boucle, agresser son environnement, etc. Si la situation de stress se prolonge encore, l'animal devient dépressif ou bien régressif. Il va se replier sur lui-même pour échapper à la cause de ses problèmes. Il ne bouge plus, cesse de s'alimenter et reste indifférent aux sollicitations de son entourage ou bien au contraire agit de manière indisciplinée (chez les animaux domestiques). Il devient aussi beaucoup plus vulnérable aux maladies[13].

Chez l'animal sauvage, la chasse et la pêche sont des sources de stress (même en cas de No-kill ou captures scientifiques, avec en particulier le stress induit par certaines formes de captures (filet ou épuisette pour les poissons[14],[15]). Ce stress peut être source de biais d'interprétation lors de certaines études scientifiques, par exemple concernant l'étude de la composition du sang ou des teneurs en certaines hormones chez l'animal sauvage.

Stadesmodifier

Les coraux (Galaxea sp.) stressés en eau trop chaude se mettent à expulser leurs zooxanthelles dans un processus connu sous le nom de blanchissement des coraux. Si la température de la mer ne baisse pas rapidement, l'expulsion devient permanente et le corail meurt.

D'après Hans Selye[16], le syndrome de stress évolue en suivant trois stades successifs :

  1. « réaction d'alarme » : les forces de défense sont mobilisées ;
  2. « stade de résistance » : adaptation à l'agent stressant ;
  3. « stade d'épuisement » : inexorablement atteint si l'agent stressant est suffisamment puissant et durable…

Chez les végétauxmodifier

Choux stressé par la chaleur et la sècheresse, envahi par les insectes.

Les situations de stress et les réactions des végétaux peuvent différer. Des stress peuvent être plus ou moins habituels ou exceptionnels. Un stress peut être transitoire ou irréversible, et alors créer une vie en conditions extrêmes. C'est un équilibre entre les contraintes du stress et les processus d'adaptation qui fait que « ça passe ou ça casse », c'est-à-dire que la plante s'en sorte, ou meurt[17].

Les stress les plus courants sont ceux liés à la prédation par les herbivores, le stress thermique et le stress hydrique.

Effets sur les plantesmodifier

Dynamique de Selye : on peut observer la succession de phases dépendant des « forces » de la stimulation et de l'inhibition. Lorsqu'une contrainte arrive à la cellule, la phase d'alarme commence, elle débute par la déstabilisation d'un certain nombre de structures, surtout les membranes, et de fonctions. Puis, la résistance se met en place. Des processus de réparation, de restauration de l'état initial et de synthèse de molécules de protection apparaissent, c'est la phase de récupération. L'état revient au stade initial. Si le stress continue, la plante accentue ses processus de protection. Mais, si le facteur de stress s'intensifie ou dure trop longtemps, il y a la phase d'épuisement avec de gros dégâts, dus par exemple à l'attaque de parasites qui profitent de la faiblesse de la plante, et celle-ci meurt.

Par exemple, d'après Amzallag et Lerner, 1995 : la Ficoïde glaciale (Mesembryanthemum crystallinum) met 20 jours à s'acclimater à un stress dû à NaCl, qui a pour effet le passage du métabolisme C3 au C4. La pomme de terre (Solanum tuberosum) allonge son ADN si elle subit une blessure par coupure. De plus, chaque stress induit la dégradation des protéines, ce qui accélère la senescence.

Les blessures et infections sont associées à l'augmentation de la respiration, qui fournit à la plante le carbone nécessaire à la synthèse d'éléments de défense et de réparation.

Chez certains arbres qui vivent très vieux, par exemple chez le Pin aristé (Pinus aristata), on observe souvent une partie entière qui est morte ; cette situation peut résulter de la foudre, et aussi (dans des semi-déserts) de périodes de stress climatiques (froid et/ou sècheresse).

Notes et référencesmodifier

  1. Prononciation en anglais américain retranscrite selon la norme API.
  2. Notre corps et ses crises, Dr Henri Rubinstein,  éd. JC Lattès, (ISBN 978-2-7096-3356-7).
  3. Le stress et la découverte de soi Dr Paul Dupont DRC diffusion (ISBN 978-2-9083-5310-5).
  4. Travaux de la Mayo clinique http://www.mayoclinic.com/health/meditation/HQ01070.
  5. (en) Bränström R, Kvillemo P, Brandberg Y, Moskowitz JT., « Self-report mindfulness as a mediator of psychological well-being in a stress reduction intervention for cancer patients--a randomized study. », Ann Behav Med., vol. 39, no 2,‎ , p. 151-161.
  6. (en) Shen H (2014) Spread of genes implicated in post-traumatic stress disorder ; Identification of possible genetic markers supports trauma treatment with steroid hormone, Nature-News, .
  7. (en) Richard Lazarus et Susan Folkman, Stress, Appraisal and Coping, 1984 (ISBN 978-0-8261-4191-0).
  8. J. Crespy, Stress et psychopathologie du travail, Cahiers de notes documentaires. Paris. no 116, 3e trimestre 1984.
  9. Elena Sender, Le volume hippocampique se réduit de 8 à 10 % chez les déprimés et provoquerait l'arrêt de la neurogénèse. Sciences et Avenir, , p. 50.
  10. Jean Benjamin Stora, Le stress, PUF, , 8e éd. (1re éd. 1991).
  11. N Reßut (2021): Das Lidschlagverhalten als Indikator psychischer Belastung, Wiesbaden: Springer Vieweg, 2021 (ISBN 978-3-658-36051-1, DOI 10.1007/978-3-658-36052-8)
  12. N Reßut & A Hoppe (2019): Erfassung von individuellem Beanspruchungserleben bei kognitiven Belastungssituationen mittels Mustererkennung im Lidschlagverhalten. In: Zeitschrift für Arbeitswissenschaft 65 (2019), S. 1–13. DOI: https://doi.org/10.1007/s41449-019-00165-y. – ISSN 0340-2444
  13. a b c et d Le stress. Nos animaux aussi peuvent le subir !. Husse, espace vétérinaire Lire en ligne [PDF].
  14. Bau, F., Ferroni-Claverie, N., & Parent, J. P. (2001). Réponses physiologiques de sept espèces de poissons lacustres à un stress de capture (filet maillant et épuisette). Bulletin Français de la Pêche et de la Pisciculture, (357-360), 157-168.
  15. Bau, F. (1997). Estimation de réponses physiologiques a un stress de capture chez divers téléostéens d'un lac de retenue (Doctoral dissertation) (notice Inist/CNRS).
  16. Du rêve à la découverte, Hans Selye,  éd. de La Presse, 1973.
  17. « Écophysiologie végétale » de Jean-Claude Leclerc et l'équipe d'écophysiologie des petits fruitiers ; « physiologie végétale » René Heller, Robert Esnault, Claude lance ; « response of plants to multiple stresses » Harold A.Mooney, William E.Winner, Eva J.Pell ; « stress responses in plants : adaptation and acclimatation mechanisms » Ruth G.Alsher, Jonathan R.Cumming ; « mechanisms of environmental stress resistance in plants » Amarjit S.Basra, Ranjit K.Basra.

Annexesmodifier

Bibliographiemodifier

  • (en) Gary P. Moberg, Joy A. Mench, The Biology of Animal Stress: Basic Principles and Implications for Animal Welfare, CABI, (lire en ligne)

Articles connexesmodifier

Liens externesmodifier

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