Bibliothèque d'Alexandrie

Bibliothèque antique d'Alexandrie, détruite en 642

Bibliothèque d'Alexandrie
Image illustrative de l'article Bibliothèque d'Alexandrie
Représentation de la bibliothèque d'Alexandrie sur une gravure du XIXe siècle.
Présentation
Coordonnées 31° 12′ 32″ nord, 29° 54′ 33″ est
PaysÉgypte antique
VilleAlexandrie
Fondationv. 288 avant notre ère
Fermetureentre 48 avant notre ère et 642
Géolocalisation sur la carte : Égypte
Bibliothèque d'Alexandrie

La bibliothèque d'Alexandrie, fondée à Alexandrie, en Égypte, en 288 avant notre ère et définitivement détruite entre 48 avant notre ère et 642 après, est la plus célèbre bibliothèque de l'Antiquité et réunissait les ouvrages les plus importants de l'époque. La bibliothèque faisait partie d'un ensemble plus vaste nommé le Mouseîon dédié aux Muses, les neuf déesses des arts. La librairie acquiert rapidement de nombreux rouleaux de papyrus grâce à la politique volontariste des rois ptolémaïques, on estime leur nombre entre 40 000 et 400 000 à son apogée.

Descriptionmodifier

Originemodifier

Plan d'Alexandrie à l'époque hellénistique (la bibliothèque correspond au n° 9).

Alexandrie ressemble à la ville de Pella par son emplacement proche d'une rivière, accueillant un palais royal et le siège du système administratif, des éléments qui aident Alexandre à développer sa ville. Elle devient la capitale de l'Égypte à la place de Memphis[1].

Ayant reçu l'Égypte en partage à la mort d'Alexandre le Grand en 323 avant notre ère, Ptolémée[2], un de ses généraux, devenu roi en 305 sous le nom de Ptolémée Ier Sôter, s'attache à faire d'Alexandrie la capitale culturelle du monde hellénistique, à même de supplanter Athènes.

En 288 avant notre ère, Démétrios de Phalère[3], qui a dirigé Athènes de 317 à 307 avant notre ère, exilé à Alexandrie et disciple d'Aristote, persuade le roi d'Égypte de le laisser construire un édifice qui pourrait rassembler toutes les œuvres historiques, poétiques et philosophiques connues.

Il fait construire le Musée d'Alexandrie (Museîon, le « palais des Muses »), abritant des activités d'enseignement et de recherche, ainsi qu'une bibliothèque[4] (estimée à 400 000 volumes[5] à ses débuts, et jusqu'à 700 000 au temps de César[6],[7]). Située dans le quartier du Bruchium près des palais royaux (basileia) — Épiphane de Salamine la place au Broucheion[8] —, celle-ci a pour objectif premier de rassembler dans un même lieu l'ensemble du savoir universel. La constitution du fonds s'opère essentiellement par achat, mais également par saisie ou ruse : Ptolémée aurait ainsi demandé à tous les navires qui faisaient escale à Alexandrie de permettre que les livres contenus à bord soient recopiés et traduits ; la copie était remise au navire, et l'original conservé par la bibliothèque[9]. Ce mode d'acquisition, dénommé le « fonds des navires », est l'ancêtre du dépôt légal, par l'intervention de la puissance publique conjuguée à la reconnaissance du livre comme patrimoine commun[10]. Le fonds s'enrichit également par la copie d'exemplaires acquis ou prêtés.

La bibliothèque ne commence à fonctionner que sous Ptolémée II Philadelphe[11] qui, selon Épiphane, aurait demandé « aux rois et aux grands de ce monde » qu'ils envoient les œuvres de toutes les catégories d'auteurs[8] et aurait fixé un objectif de 500 000 volumes[12].

Le livre est ainsi considéré comme un instrument de pouvoir au service de la monarchie. L'esprit de cette politique sera poursuivi par les successeurs de ces rois, notamment Ptolémée V, qui interdit même l'exportation de papyrus égyptien, afin que la bibliothèque d'Alexandrie n'ait pas de rivale dans le monde[13].

Deux bibliothèquesmodifier

Ptolémée Ier, fondateur de la bibliothèque.

En Grèce antique, il n'y a pas de trace de bibliothèque publique avant la création de la bibliothèque d'Alexandrie.

Cette bibliothèque correspond à deux bâtiments contenant chacun une bibliothèque. La plus grande est installée dans le quartier de Bruchium, près du port. La seconde sert de succursale, établie par Ptolémée Philadelphe dans le temple de Sérapis, le dieu égyptien de la guérison.

Démétrios de Phalère fait appel à tous les savants, les poètes, les philosophes les plus reconnus afin de remplir les collections de la bibliothèque[14].

Ptolémée Ier accepte les demandes financières du bibliothécaire Démétrios de Phalère, à l'origine du projet de bibliothèque. Il lui fournit aussi des artistes, des architectes et plusieurs ouvriers. Démétrios désire qu'Alexandrie devienne une nouvelle Athènes par la diffusion des connaissances, qu'elle soit comme un phare de la pensée mondiale. Les chercheurs y sont bien payés et leurs tâches consistent à collecter, modifier et classer les textes de l'époque classique[15].

Développementmodifier

Le musée devient un centre académique de hautes recherches où les savants sont défrayés par le prince (il avait de plus fait édifier dans le complexe du Museîon appartements et réfectoire à leur intention) et où ils trouvent les instruments, collections, jardins zoologiques et botaniques nécessaires à leurs travaux[16]. La bibliothèque ne ressemblait pas à celles d'aujourd'hui avec une salle et un mobilier spécifique. Selon Strabon, les livres étaient dans des niches dans l'épaisseur des murs des peripatos (« péripate », portiques à colonnes servant de promenoir couvert), les lecteurs les lisant probablement dans ce « péripate » ou dans les allées ombragées des jardins[17]. Il faut dire qu'avant Ambroise de Milan, on lisait à voix haute, et donc souvent dans les jardins.

La traduction en grec de tous ces ouvrages est un travail colossal qui mobilise la plupart des intellectuels et savants de chaque pays ; il faut que ces hommes maîtrisent à la perfection leur propre langue ainsi que le grec. La bibliothèque est dirigée par des érudits comme Zénodote d’Éphèse, puis Aristophane de Byzance, Aristarque de Samothrace et Apollonios de Rhodes[18]. Dès Zénodote, une attention toute particulière est accordée à l'édition des grands classiques de la littérature grecque, notamment des poèmes homériques[19] : afin de proposer une édition du texte la plus fidèle possible, les vers à l'authenticité contestée sont marqués d'un obèle, trait horizontal placé à gauche du vers. C'est également au sein de la Bibliothèque qu'à l'instigation du souverain lagide Ptolémée II Philadelphe[20], sans doute vers -281[21], est traduit en grec le Pentateuque hébreu, donnant naissance à la Septante ; selon la légende, six représentants de chaque tribu juive se seraient enfermés sur l'île de Pharos pour accomplir cette traduction, et l'auraient exécutée en soixante-douze jours.

Développement de la science des bibliothèquesmodifier

La bibliothèque d’Alexandrie fut le lieu d’un changement de paradigme majeur au niveau de la conservation et de la transmission de l’information. Alors que la tradition orale était encore la méthode la plus utilisée pour enseigner et partager le savoir dans la culture grecque classique[22], les bibliothèques incluant souvent des lieux ouverts destinés à la lecture à voix haute, la mission de la bibliothèque d’Alexandrie de rassembler l’ensemble des écrits du monde entier dans un seul lieu créa un contexte favorable au développement du primat de la référence écrite[23]. Cette nouvelle vision de la conservation des connaissances créa plusieurs besoins, dont celui de la classification, qui fut travaillé par Callimaque à l’aide de ses Tables[24], mais aussi l’enjeu de l’édition critique des textes.

La bibliothèque, ayant pour objectif de faire d’Alexandrie la capitale intellectuelle du monde hellénistique, se devait de copier l’ensemble des documents qui entraient en sa possession. Le musée devait donc contenir un atelier où des copistes travaillaient à la reproduction des textes acquis par l’établissement, mais aussi des savants qui avaient pour rôle de travailler à l’édition et à la traduction de ces mêmes textes[23]. Les documents étaient traduits vers le grec puisque la bibliothèque d’Alexandrie était un établissement grec ayant comme vocation la valorisation de la culture gréco-macédonienne[23].

Puisque la bibliothèque regroupait en son sein plusieurs fois le même document, mais contenant des traductions différentes et provenant d’époques et d’origines différentes, la question à savoir lequel devait être lu et considéré comme référence vit le jour. Certaines œuvres ayant été traduites à de multiples reprises, celles-ci avaient perdu certains détails et parfois même le sens premier du texte par l'alourdissement de celui-ci dû à des ponctuations différentes ou des tournures de phrase alambiquées[25]. Les chercheurs de la bibliothèque commencèrent donc à comparer les textes entre eux afin de reconstruire la version originale et d’obtenir la version la plus authentique possible des œuvres, en particulier celles appartenant au canon littéraire de l’époque[25]. Le travail était fait avec tant d’éthique et de soucis du détail que plusieurs des textes nous provenant de l’Antiquité sont le résultat du travail des chercheurs de la bibliothèque d’Alexandrie[26]. C’est aussi à cette époque que commença à émerger le concept de canon littéraire, à savoir le corpus des classiques qui doivent être conservés et élevés au rang de texte incontournable. Parmi ceux-ci, on retient les poèmes homériques, les tragédies grecques ainsi que différents traités spécialisés de différentes disciplines[23]. La création de ce canon littéraire fit office de modèle au niveau de l’éducation à la culture lettrée à l’époque hellénistique et impériale[22].

C’est aussi entre les murs de la bibliothèque que s’élabore le concept de critique littéraire. Les savants ayant maintenant accès à une quantité gigantesque d’œuvres provenant de différentes cultures et époques, ils commencèrent à philologiser la connaissance par l’étude critique de ces textes, la gestion et le classement de ceux-ci, se positionnant en anthropologue de leur propre culture[22].

Dans un certain sens, c’est aussi à la bibliothèque d’Alexandrie que le concept d'une sorte de dépôt légal à commencé. En effet, l’acquisition de nouveaux documents n’était pas simplement organisée par la bibliothèque, mais bien par l’État[27]. Tous les bateaux accostant au port devaient, à la demande de l’administration royale, remettre les livres contenus dans le navire à la bibliothèque afin que les copistes travaillant dans les ateliers puissent en faire un double et remettre celui-ci aux propriétaires par la suite, intégrant de ce fait l’original à la collection de la bibliothèque. Certains documents importants vont aussi être prêtés à la bibliothèque par d’autres villes dans l’optique d’être recopiés pour ensuite être rendus au propriétaire, moyennant une caution substantielle. Les originaux du théâtre classique (Eschyle, Sophocle, Euripide) vont ainsi être prêtés à la bibliothèque d’Alexandrie par Athènes, mais Ptolémée III Évergète décidera d’abandonner sa caution de 15 talents d’or afin de conserver les originaux[23]. En plus de cette méthode d’acquisition, des envoyés spéciaux étaient dépêchés dans les différents marchés reconnus pour la vente de livre dans l’ensemble du bassin méditerranéen dans le but d’acheter des documents pouvant être pertinents pour la collection de la bibliothèque. Ces documents étaient par la suite traités par un service d’acquisition des documents afin de les cataloguer selon la classification élaborée par Callimaque[23].

Catalogagemodifier

L'évêque d'Alexandrie Theophilus, une bible en main, se tenant debout triomphalement sur le Sérapéum. Le dieu Sarapis est représenté couronné à l'intérieur du temple (en bas de l'image). Illustration en marge d'une chronique écrite à Alexandrie au début du Ve siècle.

Le poète grec Callimaque de Cyrène, qui selon la tradition aurait d'abord été simple grammatikos, enseignant la lecture et l'écriture, donne des leçons de poésie dans le musée : il a Apollonios de Rhodes et Aristophane de Byzance comme disciples[28].

Successeur de Zénodote au poste de bibliothécaire d'Alexandrie à la mort de celui-ci, tout en continuant à donner des cours, Callimaque entreprend de classer l'énorme quantité de volumes de la bibliothèque. Il rédige le premier catalogue raisonné de la littérature grecque, les Tables des personnalités dans chaque branche du savoir et liste de leurs écrits. Ces Tables ou Pinakes (du grec ancien πίναξ / pínax), couvraient quelque cent vingt rouleaux. Il ne nous en est parvenu que quelques fragments cités par des auteurs anciens.

On sait ainsi que ces listes comprenaient des informations biographiques sur les auteurs et une description bibliographique : titre, incipit, nombre de lignes de chaque rouleau, genre littéraire ou discipline et sujet. Les auteurs à l'intérieur d'une même catégorie et les titres des œuvres d'un même auteur étaient classés en ordre alphabétique, conformément à des pratiques déjà embryonnaires chez Aristote, qui avait établi des pinakes de poètes et chez Théophraste.

Avec Callimaque, c'est la première fois que le classement alphabétique est utilisé pour une aussi vaste collection de données. La mise au point de ces tables a dû se faire en plusieurs étapes : inventaire, tri par sujet et classement alphabétique[29]. Callimaque classe le trésor de la bibliothèque, où cent-vingt catalogues sont produits sous le nom de Pinaks[15]. Toutefois, ces listes ne comportent pas d'indication sur le nombre d'exemplaires des ouvrages ni sur leur emplacement[30].

Le système des pinakes a été repris dans les bibliothèques les plus importantes de la période hellénistique et a contribué à répandre l'usage du classement alphabétique dans les ouvrages de lexicographie produits dans l'Empire byzantin, et notamment la Souda[31].

Concurrence de Pergamemodifier

Au début du IIe siècle av. J.-C., Eumène II fonde la bibliothèque de Pergame, faisant de cette dernière une concurrente à la bibliothèque d'Alexandrie[32]. Cette concurrence aurait pu stimuler le développement de la bibliothèque, mais aussi également l'affaiblir, car les Ptolémées étaient en pleine décadence pendant ce siècle. À la même époque est créée une annexe à la bibliothèque dans le Sérapéum d'Alexandrie. Cette bibliothèque-fille abrite 42 800 rouleaux et est destinée aux simples lecteurs[33].

Sous le règne de Ptolémée V, les tensions avec la bibliothèque de Pergame atteignent leur sommet, les relations entre le souverain égyptien et le roi de Pergame, Eumène II, sont animées par l’intense rivalité des deux bibliothèques. Ptolémée V décide donc d’arrêter les exportations de papyrus, qui sont essentielles au bon fonctionnement de la bibliothèque de Pergame. En réponse, les Pergamiens utilisent la peau de jeunes animaux pour créer des parchemins qui sont plus solides que le papyrus mais aussi plus chers. Les deux institutions se disputent aussi sur la question de la possession de textes anciens. Une de ces querelles porte sur l’acquisition d’une nouvelle Philippique de Démosthène, qui était censée être disparue mais fut acquise par la bibliothèque de Pergame. Pourtant, selon Luciano Canfora, à Alexandrie les pensionnaires affirment que cette philippique est déjà présente dans le septième livre des Histoire philippique d’Anaximène de Lampsaque. Cet épisode est révélateur du conflit qui oppose les deux bibliothèques sur l'acquisition de sources nouvelles, elles n’hésitent d’ailleurs pas à recourir aux services de faussaires par crainte que la bibliothèque rivale ne se fournisse des faux en premier[34]. Un autre aspect clef de cette rivalité réside aussi dans la lecture des textes : tandis qu’à Alexandrie les pensionnaires du musée et de la bibliothèque sont réputés pour leurs analyses grammaticales, Pergame se contente d’analyses davantage portée sur le fond des textes étudiés.

Vers 145 avant notre ère, Ptolémée VIII Évergète II expulse les savants (« philologues ») d'Alexandrie[35]. Ptolémée VIII nomme un militaire du corps des lanciers, Cydas, comme bibliothécaire. Il est possible que le fonctionnement de la bibliothèque soit interrompu pendant un certain temps. Des volumes auraient pu être emportés par les savants et leurs disciples. D'autres pertes auraient pu être occasionnées par les pillages des miliciens et par négligence de surveillance.

Une liste des bibliothécaires ou chefs de la bibliothèque est mentionnée dans le texte médiéval de Tzetzés et dans un papyrus d’Oxyrhunchus. Dans ce dernier, les deux célèbres bibliothécaires Démétrios et Callimaque ne sont pas listés[36].

En 86 avant notre ère, la bibliothèque retrouve sa place après le sac d'Athènes par Sylla, qui a fait venir des érudits athéniens à Alexandrie.

Directeurs de la bibliothèquemodifier

Le papyrus d'Oxyrynchus, X, 1241 donne une liste de directeurs de la bibliothèque d'Alexandrie[37] :

Destructions de la bibliothèquemodifier

Ruines actuelles du Sérapéum d'Alexandrie où une partie des collections de la bibliothèque a été déplacée du fait d'un manque d'espace de stockage dans le bâtiment principal.

Contexte scientifique du débatmodifier

Les sources sont extrêmement limitées et les positions des historiens toutes aussi tranchées les unes que les autres[39].

La seule certitude est qu'aucune trace matérielle de la bibliothèque d'Alexandrie n'a été, à ce jour, identifiée ou retrouvée[40]. L'absence d'élément matériel met donc les chercheurs dans l'impossibilité de valider, infirmer ou corroborer les dires des sources qui, au fil du temps, ont pu être manipulées, incomprises ou interprétées (dans un sens ou un autre). Aussi, pour les historiens, certains documents, surtout s'ils étaient dans la bibliothèque depuis les origines, devaient se dégrader avec le temps, et on ignore dans quelle mesure, et s'il y avait des restaurations de ces documents, tout comme on ignore l'évolution du nombre d'ouvrages présents dans cette même bibliothèque[réf. nécessaire].

De nos jours, dans les bibliothèques modernes, le souci est encore de préserver les ouvrages de l'usure du temps. Des restaurations de documents sont donc indispensables. On ignore quels étaient les documents les plus anciens, d'autant plus qu'ils pouvaient être sous une autre forme que le papyrus : par exemple, les Sumériens écrivaient sur des tablettes d'argile.

Résumé des différentes hypothèsesmodifier

Inscription en latin concernant Tiberius Claudius Balbilus, préfet d'Égypte mort en 79, qui confirme que la bibliothèque d'Alexandrie a existé sous une forme ou une autre au Ier siècle.

Il existe de nombreuses hypothèses sur la destruction de la bibliothèque d'Alexandrie :

Guerre civile entre César et Pompéemodifier

À la fin de la guerre civile entre César et Pompée, après la bataille de Pharsale en 48 avant notre ère, César, vainqueur, pourchasse son rival jusqu'à Alexandrie où il le trouve assassiné sur ordre du jeune Ptolémée XIII. Une guerre s'engage peu après entre Ptolémée et César, ce dernier soutenant le parti de Cléopâtre VII en conflit avec son frère Ptolémée. Le général romain sort vainqueur de l'affrontement, et détrône le jeune souverain au profit de Cléopâtre et du plus jeune de ses frères. En 47 avant notre ère, les troupes de Jules César incendient la flotte d'Alexandrie ; le feu se propage aux entrepôts et, selon la tradition rapportée par Plutarque, Suétone et Aulu-Gelle, aurait détruit une partie de la bibliothèque. Luciano Canfora, par sa critique des sources, réfute cette tradition, rappelant que Cicéron, Strabon ou Lucain ne la mentionnent pas dans leurs écrits et se fondant sur Dion Cassius qui mentionne bien un incendie, mais celui uniquement de « dépôts de blé et de livres », soit 40 000 rouleaux de papyrus — des copies destinées à l'exportation et entreposées au port. L'incendie qui s'est produit était sur le front de mer et loin de la bibliothèque. Les preuves documentaires montrent qu'elle était encore florissante plusieurs décennies après l'expédition de César en Égypte. L'incendie causé par César et les différents affrontements (antérieurs ou postérieurs) auraient ainsi mené à la perte d'environ 40 000 à 70 000 rouleaux dans un entrepôt à côté du port (et non pas dans la bibliothèque elle-même)[42].

Une bibliothèque de 200 000 rouleaux fondée à Pergame par les Attalides est mise à contribution pour les remplacer, ainsi que la bibliothèque du gymnase de Ptolémée, à Athènes[réf. nécessaire]. En outre, César construit justement une nouvelle bibliothèque, le Césaréum, ce qui rend donc fort peu plausible l'hypothèse de la destruction de la totalité de la collection.

Conflits de primauté politique entre paganisme et christianismemodifier

Les tensions croissantes entre le pouvoir impérial romain païen et l'influence religieuse et politique grandissante des chrétiens suscitent des affrontements qui se traduisent, par exemple, par l'édit de Théodose en 391 ordonnant, entre autres, la destruction des temples païens. L'hypothèse avancée par certains auteurs est que la bibliothèque d'Alexandrie aurait finalement disparu au cours de ces différents affrontements, tel le Sérapéum détruit à l'initiative de l'évêque Théophile d'Alexandrie[43],[44].

C'est la thèse exposée par le poète Gérard de Nerval dans la première lettre d'Angélique, dans Les Filles du feu (1854) :

« La bibliothèque d'Alexandrie et le Sérapéon, ou maison de secours, qui en faisait partie, avaient été brûlés et détruits au IVe siècle par les chrétiens, — qui, en outre, massacrèrent dans les rues la célèbre Hypatie, philosophe pythagoricienne —. »

Le psychologue Gustave Le Bon soutient cette hypothèse :

« Sous la domination romaine, Alexandrie reprit un nouvel essor, et devint bientôt la seconde ville de l'Empire romain ; mais cette prospérité devait être éphémère encore. Elle se laissa envahir par la manie des querelles religieuses, et, à partir du troisième siècle, les émeutes, les révoltes s'y succédèrent constamment, malgré les sanglantes répressions des empereurs. Quand le christianisme devint la religion officielle, l'empereur Théodose fit détruire, comme nous l'avons dit, tous les temples, statues et livres païens. »

— La Civilisation des Arabes, Livre III, 1884, rééd. de 1980, p. 468.

Toutefois, on ne sait pas combien de livres se trouvaient dans le Sérapéon, ni même s'il y en avait, au moment de sa construction, et les érudits de l'époque ne mentionnent pas explicitement la bibliothèque[45],[46].

Conséquences de la conquête arabemodifier

En 1203, ʿAbd al-Latîf al-Baghdâdî, historien arabe[47], puis Ibn al Qifti[48] imputent la destruction de la bibliothèque au calife Omar ibn al-Khattâb qui aurait donné en 642 l'ordre de détruire la bibliothèque, à son général 'Amr Ibn al-'As. Les positions quant à ce récit restent tranchées, selon la valeur accordée à ce témoignage.

Les recherches, nombreuses sur le sujet[49], soulignent le manque de documents ou témoignages probants relatant ce récit. Il n'est mentionné par aucun historien, qu'il soit musulman ou chrétien[50], entre le VIIe et le XIIIe siècle. Al-Baghdâdî et Ibn al Qifti auraient forgé ce récit pour des raisons politiques[51]. Selon une autre hypothèse, avancée par Mostafa el-Abbadi, l'histoire serait un faux fabriqué par les Croisés visant à discréditer les Arabes et à les dépeindre comme des ennemis de la culture[36].

Le récit est repris presque tel quel par l'historien Ibn Khaldoun[49] dans sa Muqaddima (XIIIe siècle). Il en change cependant le cadre, il ne s'agit plus d'Alexandrie, mais de Ctésiphon[49] en Irak actuel, et ce n'est plus 'Amr Ibn al-'As, mais Sa'd Ibn Abî Waqqâs qui dirige l'armée. En voici l'extrait :

« Cependant, quand les musulmans eurent conquis la Perse et mis la main sur une quantité innombrable de livres et d'écrits scientifiques, Sa'd Ibn Abî Waqqâs écrivit à 'Umar Ibn al-Khattâb pour lui demander des ordres au sujet de ces ouvrages et de leur transfert aux musulmans ? 'Umar lui répondit : « Jette-les à l'eau. Si leur contenu indique la bonne voie, Dieu nous a donné une direction meilleure. S'il indique la voie de l'égarement, Dieu nous en a préservés. » Ces livres furent donc jetés à l'eau ou au feu, et c'est ainsi que les sciences des Perses furent perdues et ne purent parvenir jusqu'à nous. »

— Ibn Khaldûn, Le Livre des Exemples, T. I, Muqaddima VI, texte traduit et annoté par Abdesselam Cheddadi, Gallimard, novembre 2002, p. 944.

Si le contexte change, la phrase qui relate la réponse de 'Umar Ibn al-Khattâb est reprise mot pour mot de la chronique d'Al-Baghdâdî, ce qui vient renforcer qu'il s'agit d'une légende construite de toutes pièces. Tel est l'avis, entre autres, d'Ahmed Djebbar, chargé d'études en histoire des mathématiques à l'université des sciences et des technologies de Lille[49] et auteur de nombreux ouvrages sur l'histoire des sciences ou de Richard Goulet[52] directeur de recherche émérite au CNRS. La destruction de la bibliothèque d'Alexandrie par les troupes musulmanes est contredite dès le début du XVIIIe siècle par Eusèbe Renaudot[53], puis à la fin du XIXe siècle par le sociologue Gustave Le Bon[54].

Dans la première moitié du XXe siècle d'autres études abondent en ce sens, comme celle en 1911 de Victor Chauvin[55], celle d'Alfred J. Butler en 1902[56], celle de Paul Casanova en 1923[57] et celle d'Eugenio Griffini en 1925[58]. À l'opposé, l'historienne Mireille Hadas-Lebel dans son ouvrage en 2003 sur Philon d'Alexandrie écrit que la bibliothèque après sa destruction en 390 fut reconstituée au VIe siècle puis incendiée lors de la conquête arabe en 641[59]. Selon Martine Poulain dans sa recension de l'ouvrage de El-Abbadie :

« Malgré les limites des sources, les historiens estiment en effet généralement qu'Alexandrie fut détruite lors des invasions arabes du VIIe siècle sur ordre du calife Omar. »

Luciano Canfora (directeur scientifique de l'École supérieure d'études historiques de l’université de Saint-Marin), semblait admettre en 1988 la destruction de la bibliothèque par les Arabes[60], tout en considérant l'histoire comme « douteuse »[61] ; la différence de traitement du sujet entre les deux parties de son ouvrage a ainsi pu faire considérer sa position comme équivoque[61], certaines recensions estimant ainsi au contraire qu'il admettait l'hypothèse de la destruction au cours du conflit entre Aurélien et Zénobie de Palmyre (IIIe siècle) comme la plus vraisemblable[62]. Canfora semble clarifier ultérieurement sa position en affirmant que la destruction date bien du conflit du IIIe siècle[63].

Ahmed Dejbbar estime que la bibliothèque d'Alexandrie n'existait plus au moment de la conquête arabe, victime d'un incendie qui se produisit avant l'avènement de l'Islam[64]. On peut également citer Bernard Lewis[50], la longue étude de Mostafa el-Abbadi et Omnia Mounir Fathallah[51] ou Paul Balta (qui, comme Mostafa El-Abbadi[36], rejette la piste des armées de 'Umar et privilégie celle du patriarche Théophile d'Alexandrie)[65].

Conquête « turque » (868)modifier

Selon une version erronée probablement introduite par Sprengel[66] dans un article de l'Allgemeine Encyclopädie der Wissenschaften und Künste (1819), la bibliothèque, après avoir été brûlée par les Arabes en 641, aurait cependant été reconstituée par le calife Al Mutawakkil vers 845, avant d'être à nouveau détruite par les Turcs d'Ahmad Ibn Touloun en 868[67]. Selon Paul Casanova, il pourrait s'agir d'une confusion avec le pillage par ses mercenaires turcs de la bibliothèque du calife Al-Mustansir Billah, au XIe siècle.

Un déclin progressifmodifier

Selon certaines sources[Lesquelles ?], la bibliothèque aurait survécu puisqu'aucun témoignage ne fait part de la fermeture de l'institution du jour au lendemain, liée à une perte irrémédiable de tout le fonds des livres. En effet, si l'apogée de la bibliothèque d'Alexandrie a lieu au IIIe siècle av. J.-C. sous les règnes des premiers Ptolémées, elle se maintient jusqu'à Cléopâtre VII. De plus, on sait également que le Musée auquel est rattachée la bibliothèque est toujours présent[Quand ?]. On observe encore des figures intellectuelles à Alexandrie comme Apion admiré par Tibère au Ier siècle, ou encore la présence d'Athénée de Naucratis au IIIe siècle[réf. nécessaire].

Évocations artistiquesmodifier

Spectaclesmodifier

  • En 1723, Haendel, dans son opéra Giulio Cesare, évoque l'incendie qui détruisit la bibliothèque d'Alexandrie.

Littératuremodifier

  • En 2002, l'astrophysicien et écrivain Jean-Pierre Luminet a publié Le Bâton d'Euclide : le roman de la bibliothèque d'Alexandrie (Éditions Lattès) se fondant sur l'hypothèse de la destruction de la bibliothèque lors de la conquête arabe, où il met en scène trois personnages — un philosophe chrétien, un médecin juif et une mathématicienne et musicienne nommée Hypatie — qui tentent de défendre la bibliothèque[68].

Télévisionmodifier

  • En 2007, dans la cinquième saison de Kaamelott, le jurisconsulte joué par Christian Clavier évoque l'incendie de la bibliothèque au père Blaise, afin de lui faire prendre conscience que les documents en papier prennent feu facilement.
  • Dans la série Game of Thrones, la cité de Villevieille, connue pour son gigantesque phare, abrite la « Citadelle des mestres », où les savants du monde entier viennent étudier l'impressionnante collection de manuscrits et parchemins anciens accumulée par l'établissement. Le personnage-clef de Samwell Tarly y fera notamment son apprentissage.

Cinémamodifier

  • La bibliothèque d'Alexandrie est au cœur du film fictif Agora (2009), réalisé par Alejandro Amenábar, qui suit le destin d'Hypatie, femme de sciences et de philosophie[69]. Le film est sorti en France en 2010. Il se fonde sur l'hypothèse de la destruction par les chrétiens de la plus grande partie des œuvres lors de la fermeture du Sérapéum d'Alexandrie qui abritait une annexe de la bibliothèque.
  • La bibliothèque d'Alexandrie est mentionnée dans le film Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre, réalisé par Alain Chabat et sorti en 2002. Dans le film, le druide Panoramix souhaite aller consulter des manuscrits, tout en accompagnant l'architecte Numérobis, avec Astérix, Obélix, et Idefix.

Bande dessinéemodifier

Jeux vidéomodifier

  • Dans Tomb Raider : La Révélation finale, Lara Croft découvre plusieurs sites d'Alexandrie, dont la Grande bibliothèque, à l'intérieur de laquelle elle explore de vastes salles. Elle y découvre également les appartements de Démétrios de Phalère.
  • Dans Assassin's Creed Origins, le héros, Bayek, a pour quête d’entrer dans la bibliothèque d’Alexandrie ; on y découvre donc la bibliothèque comme elle aurait été construite avant sa première destruction en 48 av. J.-C.
  • Dans le DLC gratuit d'Assassin's Creed Odyssey sorti en 2021, une scène post-générique montre l'héroïne, Kassandra, entrer dans la bibliothèque d'Alexandrie afin d'y déposer un rouleau contenant les récits de son compagnon et ami, l'historien Hérodote.
  • Dans tous les opus de la franchise Sid Meier's Civilization, la bibliothèque peut être construite comme merveille mondiale.

Mangamodifier

  • Dans le manga One Piece d'Eiichiro Oda, le massacre de l'île d'Ohara et la destruction de l'arbre bibliothèque rappelle ce qu'il se passa pour la bibliothèque d'Alexandrie.
  • Le tome 8 de la série manga Pline, écrit par Mari Yamazaki et dessiné en collaboration avec Miki Tori, débute avec l'arrivée de Pline et ses compagnons de voyage à Alexandrie. Il leur est demandé de laisser tous les écrits en leur possession afin que la bibliothèque en fasse des copies qu'elle leur remettra, conformément aux règles.
  • Dans la série Magus of the Library, le héros rêve de voir la bibliothèque centrale, qui rappelle le fonctionnement de la bibliothèque d'Alexandrie.

La bibliothèque modernemodifier

L'université d'Alexandrie organise une conférence en 1972, lors de laquelle le professeur d'histoire ancienne Mostafa el-Abbadi appelle à la création d'une nouvelle bibliothèque d'Alexandrie. L'UNESCO lance un premier appel international en 1988 pour soutenir le projet et poser la première pierre. La bibliothèque est officiellement inaugurée le sur le site approximatif de l'ancienne bibliothèque[4]. Avec la collaboration de plusieurs musées (sciences, antiquités, manuscrits) et de centres de recherche, la bibliothèque d'Alexandrie entend accueillir huit millions d'ouvrages et devenir un lieu ouvert sur le monde[70]. La nouvelle bibliothèque est construite en quinze ans avec des fondations souterraines qui s'enfoncent à quinze mètres sous terre, au grand regret des archéologues puisqu'elle est construite sur les vestiges détruits de l'ancien Musée[réf. nécessaire].

Notes et référencesmodifier

  1. (en) Carol G.Thomas, Greece: A Short History of a Long Story, 7,000 BCE to the Present, Wiley-Blackwell, , 224 p. (ISBN 978-1118631904), p. 211
  2. Canfora 2004.
  3. Selon la Lettre d'Aristée, 9 : « […] Δημήτριος ὁ Φαληρεὺς ἐχρηματίσθη πολλὰ διάφορα πρὸς τὸ συναγαγεῖν, εἰ δυνατόν, ἅπαντα τὰ κατὰ τὴν οἰκουμένην βιβλία· » (« […] Démétrios de Phalère reçut des sommes importantes pour réunir, au complet si possible, tous les ouvrages parus dans le monde entier »).
  4. a et b Pataut, La nouvelle bibliothèque d'Alexandrie : d'Alexandrie aux bibliothèques virtuelles, Paris, Buchet-Chastel, , 240 p. (ISBN 978-2-283-01901-6), p. 23
  5. Un volume correspondait à un rouleau constitué d'une série de feuilles de papyrus collées les unes aux autres (cf. Alain Blanchard, « Les papyrus littéraires grecs extraits de cartonnages : études de bibliologie » dans M. Maniaci – P. F. Munafò (eds.), Ancient and Medieval Book Materials and Techniques (Erice, 18-25 September 1992), 1, Città del Vaticano, Biblioteca Apostolica Vaticana, 1993, p. 37-39.
  6. Ammien Marcellin, XXII, 16 : « in quo bybliothecae fuerunt inaestimabiles: et loquitur monumentorum ueterum concinens fides septingenta uoluminum milia, Ptolomaeis regibus uigiliis intentis conposita bello Alexandrino, dum diripitur ciuitas sub dictatore Caesare, conflagrasse ».
  7. Aulu-Gelle, Nuits attiques, VII, 17 : « Ingens postea numerus librorum in Aegypto ab Ptolemaeis regibus uel conquisitus uel confectus est ad milia ferme uoluminum septingenta ».
  8. a et b De mensuris et ponderibus, PG XLIII 252.
  9. Galien, Galeni In Hippocratis Epidemiarum librum III commentaria III, Corpus Medicorum Graecorum V, 10, 2, 1, p. 78-80 (traduction de Jean-Luc Fournet, dans Pascale Ballet, La Vie quotidienne à Alexandrie (-331/-30), Hachette, collection « Pluriel », 2003, p. 120) :

    « On raconte que Ptolémée, alors roi d'Égypte, était si fier de ses livres, qu'il avait ordonné que les livres de toute personne qui débarquait lui soient apportés, qu'on en fasse une nouvelle copie sur papyrus, que ce soit la copie qui soit restituée à leur propriétaire […], qu'on dépose les livres saisis dans les bibliothèques et qu'on y appose la mention des navires. […] Ce Ptolémée mit beaucoup d'ardeur dans l'acquisition de tous les livres anciens comme en témoigne bien le récit de ce qu'il fit aux Athéniens : leur ayant versé une caution de quinze talents d'argent en échange des exemplaires de Sophocle, d'Euripide et d'Eschyle pour en faire une unique copie avant de les rendre immédiatement en parfait état, il fit copier à grands frais sur le plus beau des papyrus ; il garda ce qu'il avait reçu des Athéniens et leur renvoya les copies, les invitant à garder les quinze talents et à accepter, à la place des anciens exemplaires qu'ils lui avaient donnés, les neufs. »

  10. Jean Sirinelli, « Un regard sur la Bibliothèque d'Alexandrie », Publications de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, vol. 5, no 1,‎ , p. 82–93 (lire en ligne, consulté le )
  11. Nina L. Collins, The Library in Alexandria and the Bible in Greek (Supplements to Vetus Testamentum, vol. LXXXII), Brill Academic Publishers, 2000, p. 110-114.
  12. W. W. Tarn, « Ptolemy II », The Journal of Egyptian Archaeology, 14(3/4), 1928, p. 246-260.
  13. Sonia Darthou, « La bibliothèque d'Alexandrie », HISTOIRE & CIVILISATIONS,‎ , p. 60
  14. Chastel 1876, p. 486.
  15. a et b (ar) Ahmed Youssef, edition electronique et preservation du patrimoine culturel, egypte, , 88 p., p. 21
  16. Danièle Auger et Étienne Wolff, Culture classique et christianisme, Picard, , p. 203
  17. Luciano Canfora, op. cit., p. 101
  18. Leur succession est relativement bien connue grâce à deux sources : d'une part, la Souda byzantine, mais également un papyrus trouvé à Oxyrhynque et datant de l'époque romaine, P. Oxy., X, 1241, col. II (p. 99-108) ; si le début du texte est altéré — les deux premiers épimélètes (Zénodote d'Éphèse et Callimaque) n'y figurent pas —, la liste couvre les règnes allant de Ptolémée III Évergète à Ptolémée IX Sôter II :

    « […] Apollonios, fils de Silleos, d'Alexandrie, appelé le Rhodien, l'élève de Callimaque ; il [était aussi le précepteur du troisième] roi. Lui succédèrent Eratosthène, puis Aristophane, fils d'Apelle, de Byzance, et Aristarque ; puis Apollonios d'Alexandrie surnommé l'Eidographe [le « classificateur »] ; puis Aristarque, fils d'Aristarque, d'Alexandrie, mais originaire de Samothrace ; il [devint] aussi le précepteur des enfants de Philomètôr. Il fut suivi par Cydas, du corps des lanciers ; c'est sous le neuvième roi que se situe l'acmé des grammairiens [grammatikoi] Ammonios, Zénodote, Dioclès et Apollodore. »

  19. Jean Irigoin, « Les éditions de poètes à Alexandrie », dans Gilbert Argoud et Jean-Yves Guillaumin (eds.), Sciences exactes et sciences appliquées à Alexandrie. Actes du colloque international de Saint-Étienne (6-8 juin 1996), Saint-Étienne, Publications de l’université de Saint-Étienne (Centre Jean Palerne), 1998, p. 405-413.
  20. Nina L. Collins, op. cit., ch. V, « Who wanted a translation of the Pentateuch in Greek? », p. 115-181.
  21. Nina L. Collins, op. cit., p. 56-57.
  22. a b et c Christian Jacob, « Bibliothèques antiques: », Humanisme, vol. N° 320, no 3,‎ , p. 38–43 (ISSN 0018-7364, DOI 10.3917/huma.320.0038, lire en ligne, consulté le )
  23. a b c d e et f Barbier, F., Histoire des bibliothèques: D'Alexandrie aux bibliothèques virtuelles, Paris, Armand Colin, (lire en ligne), pp.19-48
  24. Pierre Cabanes, « Fiche 31. Alexandrie d’Égypte: », dans Petit Atlas historique de l'Antiquité grecque, Armand Colin, (ISBN 978-2-200-61459-1, DOI 10.3917/arco.caban.2016.01.0134, lire en ligne), p. 134–137
  25. a et b Baptiste Touverey, « En librairie: Dernières traductions », Books, vol. N° 117, no 1,‎ , p. 90–94 (ISSN 1967-7375, DOI 10.3917/books.117.0090, lire en ligne, consulté le )
  26. Barbier, F., Histoire du livre en Occident, Paris, Armand Colin, (lire en ligne), pp. 15-35
  27. Jacob, C., Géographie et ethnographie en Grèce ancienne, Paris, Armand Colin, (lire en ligne), pp. 134-147
  28. Meillier 1979.
  29. Blair 2010, p. 17.
  30. Blair 2010, p. 16.
  31. Blair 2010, p. 21.
  32. Leonard Whibley, A Companion to Greek Studies, 1916, tr. 123.
  33. Canfora 2004, p. 19.
  34. Canfora 1988.
  35. Jouguet 1972, p. 281.
  36. a b et c El-Abbadi 1992, p. 21.
  37. Papyrus d'Oxyrynchus X, fr. 1241, col ii
  38. El-Abbadi 1992, p. 108-109.
  39. Cf. M. Poulain, La fin et le feu, dans sa recension de l'ouvrage de Mostafa El-Abbadi, et Continuons à voyager…. La nouvelle Alexandrie p. G. Leroux, Département de Philosophie, UQAM, dans le bulletin n°64 (sept. 2004) de la Société des Études Anciennes du Québec : « La référence antique n'est pas facile à établir, car nous ne savons presque rien de l'édifice construit par les Ptolémées. Il faut souhaiter à Jean-Yves Empereur d'avoir pour l'ancien musée le flair qu'il a eu pour le phare, car pour l'heure aucun vestige important n'a pu être mis au jour et les hypothèses sur la destruction de la bibliothèque présentent toutes des difficultés en apparence insurmontables. » (« La nouvelle Alexandrie », Bulletin de la Société des études anciennes du Québec, no 64, automne 2004, p. 18)
  40. Cécile Marcoux, « Alexandrie, poïétique des savoirs », Revue française de psychanalyse, vol. 78, no 2,‎ , p. 502 (ISSN 0035-2942 et 2105-2964, DOI 10.3917/rfp.782.0502, lire en ligne, consulté le )
  41. , Frédéric Barbier, Histoire des bibliothèques : d'Alexandrie aux bibliothèques virtuelles, Paris, Armand Colin, dl 2016, 304 p. (ISBN 978-2-200-61625-0)
  42. Bernard Legras, L'Égypte grecque et romaine, Armand Colin, , p. 126
  43. Cf. Gibbon, ch. 28 et El-Abbadi, Vie et destin de l'ancienne Bibliothèque d'Alexandrie ; voir également la recension de ce dernier ouvrage par Martine Poulain, BBF, 1994, no 1, p. 99-100.
  44. Cf. compte-rendu de l'ouvrage de L. Canfora.
  45. Paulus Orosius, vi.15.32
  46. (en) Mostafa el-Abbadi, The Life and Fate of the Ancient Library of Alexandria, Paris, Unesco/UNDP, , 2, illustrated éd., 250 p. (ISBN 92-3-102632-1)
  47. Silvestre de Sacy, Relation de l'Égypte par Abd-Allatif, p. 183
  48. Ibn al Qifti’s Ta’rih al-Hukama, von Dr Julius Lippert, Leipzig 1903, in-8, p. 8 de l’introduction
  49. a b c et d Ahmed Djebbar, Les mathématiques arabes (5/6) sur dailymotion
  50. a et b Bernard Lewis, « The Vanished Library », 27 septembre 1990, dans The New York Review of Books.
  51. a et b Mostafa el-Abbadi et Omnia Mounir Fathallah, What Happened to the Ancient Library of Alexandria ?, Brill, 2008, p. 214-217.
  52. Richard Goulet, La Conservation et la transmission des textes philosophiques grecs, cité dans Cristina D'Ancona Costa, The Libraries of the Neoplatonists: Proceedings of the Meeting of the European Science Foundation Network "Late Antiquity and Arabic Thought : Patterns in the Constitution of European Culture", Brill, 2007, p. 33.
  53. Bernard Lewis, The Vanished Library, 27 septembre 1990, dans The New York Review of Books.
  54. La Civilisation des Arabes, livre III, 1884 rééd. de 1980, p. 466-467 Gustave Le Bon : « Lorsque le christianisme devint la religion officielle de Constantinople, l'empereur Théodose fit abattre, en 389, tous les temples et statues des anciens dieux de l'Égypte, et tout ce qui pouvait rappeler ces derniers. Les monuments trop solidement construits pour pouvoir être détruits facilement eurent leurs inscriptions et leurs personnages martelés. L'Égypte est encore couverte des débris de cette fanatique dévastation. Ce fut un des plus tristes actes d'intolérance et de vandalisme qu'ait connus l'histoire. Il est regrettable d'avoir à constater qu'un des premiers actes des propagateurs de la religion nouvelle, qui venait de remplacer les anciens dieux de la Grèce et de Rome, fut la destruction de monuments que la plupart des conquérants avaient respectés depuis cinq mille ans. […] Quant au prétendu incendie de la bibliothèque d'Alexandrie, un tel vandalisme était tellement contraire aux habitudes des Arabes, qu'on peut se demander comment une pareille légende a pu être acceptée pendant si longtemps par des écrivains sérieux. Elle a été trop bien réfutée à notre époque, pour qu'il soit nécessaire d'y revenir. Rien n'a été plus facile que de prouver, par des citations fort claires, que, bien avant les Arabes, les chrétiens avaient détruit les livres païens d'Alexandrie avec autant de soin qu'ils avaient renversé les statues, et que par conséquent il ne restait plus rien à brûler. »
  55. Victor Chauvin, Le Livre dans le monde arabe, Publication du musée du livre, 1911, p. 3-6.
  56. Alfred J. Butler, The Arab Conquest of Egypt and the last thirty years of the Roman dominion, Clarendon, Oxford, 1902 (nouvelle édition publiée par P. M. Fraser "with a critical bibliography and additional documentation", Clarendon, Oxford, 1978), p. 401-425.
  57. Paul Casanova, L'incendie de la bibliothèque d'Alexandrie par les Arabes, comptes rendus de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 1923, p. 163-171.
  58. Eugenio Griffini, Fî sabîl al-Haqq wa't-ta'rîkh : al-Haqîqa fî harîq maktabat al-Iskandariyya, Al-Ahram, 21 janvier 1925.
  59. Mireille Hadas-Lebel, Philon d'Alexandrie, un penseur en diaspora, éd. Fayard, 2003, (ISBN 978-2-213-64938-2)
  60. D'après M. Desgraves dans sa recension de l'ouvrage de L. Canfora : « Selon L. Canfora, la bibliothèque ne fut pas détruite pendant l'incendie de la ville, au moment de la campagne de César en Égypte, mais les rouleaux furent sacrifiés, au VIIe siècle de notre ère, par l'émir Amr ibn al-As, sur l'injonction du calife de Bagdad. »
  61. a et b « The Vanished Librery », sur nybooks.com (consulté le )
  62. M.-Cl Lambrechts-Baets, revue de l'ouvrage in Revue belge de philologie et d'histoire (en ligne)
  63. Canfora 2004, p. 26.
  64. Ahmed Djebbar, L'âge d'or des sciences arabes, Le Pommier, Paris, 2013, p. 15.
  65. Paul Balta, « Alexandrie : Éloge du cosmopolitisme », cité dans Confluences Méditerranée, no 10, Villes exemplaires, villes déchirées, Printemps 1994.
  66. Paul Casanova, L'incendie de la bibliothèque d'Alexandrie par les Arabes, Comptes Rendus de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 1923, p. 167.
  67. A.E.W.K., Tome III, article Alexandrinische Schule, p. 54 (en ligne)
  68. « Le bâton d'Euclide », sur JC Lattès, Le Masque, (consulté le )
  69. Agora (lire en ligne)
  70. André Bernand, « Alexandrie » (consulté le )

Annexesmodifier

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographiemodifier

  • (fr + ar) Mostafa El-Abbadi, Vie et destin de l'ancienne bibliothèque d'Alexandrie, Paris, UNESCO - PNUD, , 248 p. (ISBN 92-3-202632-5, présentation en ligne)
  • (en) Ann M. Blair, Too much to know : Managing Scholarly Information before the Modern Age, New Haven, Yale University Press, , 397 p. (ISBN 978-0-300-16539-5)
  • Luciano Canfora (trad. de l'italien par J.-P. Manganaro et D. Dubroca), La Véritable histoire de la Bibliothèque d'Alexandrie, Paris, Éd. Desjonquères, , 214 p. (ISBN 2-904227-24-5)
  • Étienne Louis Chastel, « Destinées de la bibliothèque d'Alexandrie », Revue historique, Paris, t. 1,‎ , p. 484-496 (lire en ligne)
  • Edward Gibbon, Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain
  • Pierre Jouguet, L'impérialisme macédonien et l'hellénisation de l'Orient, Paris, Albin Michel,
  • Isabelle Laborie, La Bibliothèque, catalogue d’exposition « La Gloire d’Alexandrie », Agde, 1998
  • Claudine Le Tourneur d'Ison, « Le grand projet culturel des Ptolémées », Historia, no 767,‎ , p. 30-35.
  • Claude Meillier, Callimaque et son temps : Recherches sur la carrière et la condition d'un écrivain à l'époque des premiers Lagides, Université Lille III,
  • Mathieu Tillier, « Qui a (vraiment) détruit la bibliothèque d’Alexandrie ? », Historia, « Les assassins de la mémoire », spécial no 24, juillet-août 2015, p.30-33.
  • Luciano Canfora, La Bibliothèque d'Alexandrie et l'histoire des textes, Liège, Éd. de l'université de Liège, (ISBN 2-93032274-8), p. 19
  • Manar Badr, L'ancienne bibliothèque d'Alexandrie : un regard d'historien, Lyon, ENSSIB, , 116 p. (SUDOC 114153035, présentation en ligne)
  • Paul-André Claudel, Alexandrie. Histoire d'un mythe, Paris, Ellipses poche, 2022.

Articles connexesmodifier

Liens externesmodifier

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